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Les assasinats de Tirailleurs

–Les assassinats de tirailleurs

Les historiens Julien Fargettas et Raffael Scheck ont documenté les crimes commis par l’armée allemande contre les soldats africains, plus particulièrement contre les tirailleurs sénégalais. Raffael Scheck qui a travaillé pour le gouvernement allemand, afin d’évaluer la mise en place de suites judiciaires à ces crimes, estime qu’il y a eu entre 1 500 et 3 000 tirailleurs assassinés durant le conflit, principalement entre mai et juin 1940.

De nombreux crimes commis contre les tirailleurs ne sont pas inscrits dans les livres d’histoire. Souvent c’est la mémoire locale et les habitants qui en conservent le souvenir.

Les tirailleurs retrouvés morts à Gaubertin

Le 16 juin 1940, les habitants de Gaubertin (45) découvrent les corps de seize tirailleurs sénégalais dans un champ entre Gaubertin et Auxy, au lieu-dit Eau-de-Limon. Les plaques d’identification et les livrets militaires manquent sur de nombreux corps, ce qui laisse à penser qu’ils ont été exécutés car il s’agit d’une pratique courante lors des crimes commis par les soldats allemands contre les soldats africains. La population locale, aidée par des personnes qui étaient en exode, vont enterrer les corps de manière provisoire. Seulement trois tirailleurs sont formellement identifiés.

Les dépouilles des tirailleurs seront inhumées plus tard au cimetière communal et elles y reposeront jusqu’à ce qu’elles soient transférées à la Nécropole Nationale de Fleury-les-Aubrais au début des années soixante.
Avant ce transfert, la population de Gaubertin se réunissait chaque 11 novembre pour honorer la mémoire de ces soldats venus de loin défendre la France et qui avaient trouvé la mort aux portes du village. Pendant des années, cette mémoire était restée vivace dans le village sans que l’on sache réellement ce qui s’était passé, car aucun témoignage n’existait et aucun travail historique n’avait été fait. Seules subsistaient les traces administratives et les tombes de tirailleurs. Après le transfert à la Nécropole, cette mémoire locale a eu tendance à s’estomper et seule une habitante de la commune, Madame Lours – dont le grand-père avait participé à la première inhumation des tirailleurs – a continué à entretenir le souvenir de ces soldats africains morts dans son village. Elle sauvegarda la plaque qui signalait les tombes des tirailleurs dans le cimetière communal et elle la fit poser dans l’église.

Il n’y a pas d’informations sur les circonstances exactes de la mort de ces tirailleurs. Celles qui ont été recoupées indiquent que les tirailleurs faisaient partis du 487e RPS qui était un régiment de génie affecté en soutien pour défendre la Loire à Châteauneuf-sur-Loire. Les archives de la 7e DIC montrent que les tirailleurs ont suivi l’itinéraire qui avait été établi pour que la division se positionne à Châteauneuf-sur-Loire.

mmLes tirailleurs assassinés à Theillay

Le 20 juin 1940, dans la commune de Theillay (41), sept tirailleurs vont trouver la mort, assassinés par les soldats allemands alors qu’ils s’étaient constitués prisonniers. Comme bien souvent, les dépouilles furent enterrées de manière provisoire. Leur corps furent transférés dans le cimetière communal mais deux dépouilles furent laissées sur place puis, en 1959, les cinq dépouilles furent transférées à la Nécropole de Fleury-les-Aubrais.

La mémoire de l’assassinat des tirailleurs était restée présente chez certains habitants de Theillay mais la localisation  initiale des dépouilles était perdue et personne ne connaissait cette information. L’association d’histoire locale ASRT, sous la conduite de monsieur O. Pierre, a fait un travail d’inventaire sur ce qui s’était passé en 1940 en recueillant les récits des témoins. En 1998, les livrets militaires de sept tirailleurs furent découverts dans une armoire de l’ancienne mairie. L’association des Anciens Combattants, et son président monsieur Thibault, décidèrent d’ériger une stèle à la mémoire des sept tirailleurs en y faisant figurer leur identité retrouvée en 1998.

Aujourd’hui, deux des tirailleurs sont inhumés à Theillay mais personne ne sait localiser leur sépulture, les cinq autres reposent à Fleury-les-Aubrais et leurs tombes portent la mention « Inconnu ».

Les recherches faites par monsieur O.Pierre ont déterminé que les tirailleurs faisaient partie du 17e BATS. Ils avaient déjà été engagés dans la bataille de Châteauneuf-sur-Loire et ils étaient en manœuvre de repli après les combats qui eurent lieu à Salbris au nord de Theillay.